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Alors que la firme Moderna a annoncé le lancement des essais cliniques de son vaccin sur les enfants âgés de 6 mois à 11 ans, l’intérêt de la vaccination pour les plus jeunes pose question. Pour le docteur Marie Fabre-Grenet, il est nécessaire de prendre en compte tous les paramètres avant d’envisager une telle décision.
«On est en train d’écrire l’histoire de la science en temps réel. C’est un choix, mais je ne l’imposerais pas à des enfants.»
Marie Fabre-Grenet, pédiatre et directrice médicale d’un Centre d’action médico-socio-éducative précoce (CAMSEP), estime que la vaccination des enfants contre le Covid-19 a de quoi laisser «un peu perplexe».
En effet, le laboratoire Moderna a lancé le 16 mars les essais de son vaccin sur des enfants âgés de 6 mois à 11 ans. Au total, ce seront 6.570 petits cobayes aux États-Unis et au Canada qui participeront à cet essai clinique. Pour la société de biotechnologie américaine, il s’agit d’étudier «la sûreté, la tolérance, la réactogénicité [effets secondaires d’un vaccin, ndlr], et l’efficacité». En outre, depuis décembre dernier, des tests sont en cours sur 3.000 adolescents âgés de 12 à 18 ans.
Pourtant, les enfants sont très peu représentés parmi les patients hospitalisés pour cause de Covid-19 et parmi les décès (moins de 1%), selon les chiffres publiés par Santé publique France dans son bulletin épidémiologique du 14 janvier 2021. La Société française de pédiatrie déclarait, d’ailleurs, que le Covid-19 «n’est pas une maladie pédiatrique», rappelle au micro de Sputnik Marie Fabre-Grenet, qui est également porte-parole du collectif de santé pédiatrique affilié à Réinfo Covid. D’autant plus que les enfants de moins de 10 ans transmettent moins le virus, explique la pédiatre, qui concède cependant que le «risque 0 n’existe pas».
Un intérêt relatif pour les plus jeunes
Selon une étude menée par des chercheurs britanniques, regroupant 6.000 rapports internationaux, les plus jeunes auraient environ 50% de risques en moins de contracter le Sars-CoV-2 et donc de le transmettre.
Alors faut-il les vacciner? Comme le Dr Fabre-Grenet l’explique, cela est déjà recommandé par les sociétés savantes pour les enfants atteints de fragilité immunitaire ou affectés «de gros facteurs de comorbidité». Néanmoins, ils ne représentent qu’une minorité en France. Des éléments qui poussent donc la pédiatre à répéter que la vaccination présente peu d’intérêt pour l’enfant dans l’état actuel des connaissances sur ces nouveaux vaccins.
«Parfois, il est urgent d’attendre et il faut être prudent. Tout est une histoire de rapport bénéfices/risques quant à l’essai des vaccins ARN messager sur les enfants», prévient-elle.
Or «vacciner n’est pas un acte anodin, c’est médical», tonne la directrice médicale du CAMSEP.
«On prend quelqu’un qui n’est pas malade, qui n’a peut-être aucun risque de développer une forme grave de la maladie ou autre chose et on va lui injecter soit des particules virales inactivées, soit un message génétique fabriqué dans le cas de l’ARN messager», détaille le Dr Fabre-Grenet.
Sans compter que, pour cette dernière technologie, «nous n’avons pas encore assez de recul en termes de génotoxicité [effets sur le génome, ndlr] et de carcinogénotoxicité [effets cancérigènes, ndlr]», prévient la pédiatre.
Atteindre l’immunité collective à tout prix
Au-delà de ces paramètres, elle fustige le fait que «l’on inverse la dialectique» afin de poursuivre l’objectif d’une immunité collective:
«Il y a les tenants du tout vaccin qui disent que, si toute la population est vaccinée, le virus va arrêter de circuler. Donc, si on vaccine les enfants, cela va protéger les autres, à l’image du port du masque chez les petits. Or, dans ma logique de pédiatre, d’adulte, de parent, il faut protéger les enfants et non l’inverse.»
La praticienne estime que le désarroi éprouvé face à la pandémie fait parfois perdre le recul nécessaire: «Devant l’ampleur qu’ont prise les choses, devant les injonctions médiatiques, la population est tellement terrorisée qu’elle demande d’arrêter cette période folle.»
Le Dr Fabre-Grenet doute tout de même que la vaccination massive permette un retour rapide à la normale: «Pour l’instant, nous n’avons pas encore de certitudes quant au fait que les personnes vaccinées ne soient plus contaminantes.»
En effet, «il y a toujours un petit risque que les personnes vaccinées puissent être infectées par des formes légères du Covid-19, ou sans présenter de symptômes, et potentiellement le transmette aux autres», indiquait le 8 mars dernier Rochelle Walensky, la directrice des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
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